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Fille, de Camille Laurens : une fille, c’est bien aussi

20 October 2020

“Parfois, il suffit d’une phrase pour faire tomber des monuments. Donjon d’effroi, remparts de honte, la tour s’écroule dont on était à la fois la prisonnière et la geôlière, et d’un seul coup c’est plein soleil, c’en est fini des meurtrières.”

 

Quatrième de couverture

FILLE, nom féminin

      1. Personne de sexe féminin considérée par rapport à son père, à sa mère.
      2. Enfant de sexe féminin.
      3. (Vieilli.) Femme non mariée.
      4. Prostituée.

Laurence Barraqué grandit avec sa soeur dans les années 1960 à Rouen. “Vous avez des enfants ? demande-t-on à son père. – Non, j’ai deux filles”, répond-il. Naître garçon aurait sans doute facilité les choses. Un garçon, c’est toujours mieux qu’une garce. Puis Laurence devient mère dans les années 1990. Être une fille, avoir une fille : comment faire ? Que transmettre ?

Mon avis

Impossible de passer à côté du nouveau livre de Camille Laurens, incontournable de la rentrée littéraire. Si une amie ne me l’avait pas offert pour mon anniversaire, il aurait probablement fait partie de mes craquages livresques.

Fille est une sorte de fiction autobiographique, tranchante comme un couteau, qui se lit gloutonnement en une grosse après-midi. Le côté « autobiographique » n’est pas parfaitement assumé : il n’est jamais précisé explicitement que c’est l’histoire de l’autrice. Pourtant, les mots sont si honnêtes, si bruts, qu’ils ne peuvent qu’avoir été vécus. Ce sont des mots qui sortent des tripes, ça se sent. C’est une mise à nu d’une vérité criante. Camille Laurens nous raconte sa vie en tant que fille, et puis en tant que femme (ces deux identités étant étroitement liées).

Le décor est planté dès les premières pages, très crues : la vie de Laurence Barraqué en tant que fille ne sera pas facile. Et cela dès sa première bouffée d’air, ses parents l’invitant dans ce monde sans enthousiasme. « Une fille, c’est bien aussi ». Tout le livre se base sur cette phrase assassine, faussement bienveillante. Il s’agit du fil rouge du livre. Tout au long de son existence, Laurence sera confrontée à ce qu’elle aurait pu être, mais ne sera jamais : un garçon. Cette condition sera un handicap, du début à la fin. Être fille et femme, c’est être, de l’enfance à l’âge adulte, méprisée, tirée vers le bas, abusée, mutilée. C’est “naître sans” et devoir compenser, chaque jour de sa vie.

“Garce. Le mot revient et la hante. C’est une injure. Mais n’est-ce pas d’abord le féminin de garçon ? Tout ce qui est féminin déçoit, déchoit, elle le sait désormais. Garçon, c’est un constat. Garce, c’est un jugement. Le mot, en changeant de genre, devient mauvais. 

Pour autant, il ne s’agit pas d’une description larmoyante : Camille Laurens nous dresse le portrait d’un personnage fort, d’une survivante, d’une guerrière. Laurence ressemble à nos mères, à nos grands-mères. Elle raconte son histoire et leur histoire. Au fil des pages, elle se construit une carapace.

On pourrait reprocher à Camille Laurens de faire de son héroïne une éternelle victime. Peut-être. Mais est-ce vraiment négatif ? Je pense au contraire que Laurence, au fil des pages, se relève, prête à demander réparation (or, pour demander réparation, elle se doit de conscientiser les injustices qu’elle a subies).

Dans la dernière partie du livre, Laurence est confrontée à ses propres contradictions, bousculée par sa propre fille, qui refuse de se conformer aux stricts stéréotypes de genre auxquels sa mère s’est pliée toute sa vie. La dernière partie du livre représente une sorte de délivrance.

“La différence, maman, entre hommes et femmes, tu vois, c’est que les hommes ont peur pour leur honneur, tandis que les femmes, ont peur pour leur vie. Le ridicule ne tue pas, la violence, si.”

En bref : Fille est un bouquin qui vous hante, tel un fantôme. Camille Laurens enfonce beaucoup de portes ouvertes, mais elle le fait d’une telle manière que ses mots se transforment en images, des images glaçantes dont on rêve (ou plutôt dont on cauchemarde) la nuit, longtemps après avoir refermé le livre. Si vous n’avez pas peur des fantômes justiciers, je vous le conseille.

Si par contre vous avez besoin d’optimisme et de positivité (en cette période trouble, quoi de plus normal), je vous invite plutôt à postposer votre lecture. En effet, c’est le seul reproche que je ferais au livre : il manque un peu de légèreté. Les évènements dramatiques se succèdent les uns après les autres. Si chaque évènement tragique reste crédible, je n’aurai pas dit non à quelques moments de joie en contrepartie.

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Joséphine
Joséphine
Bruxelloise. Poufsouffle. IHECS alumna (communication et médiation culturelle). Sujets de prédilection : médias, études de genre, pédagogie, sushis et cinéma.

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