Crédit photo : Stephane Gailochon ©
Du 3 au 28 avril 2024 – Théâtre de poche – Plus d’infos
La Tragédie comique, d’Yves Hunstad et Eve Bonfanti, datant de 1988, est rejouée au Théâtre de Poche en ce mois d’avril. Et c’est un MUST SEE ! Cette pièce a été traduite en plusieurs langues et jouée des centaines de fois… Et je comprends pourquoi. Malgré les 35 années qui nous séparent de sa création, elle n’a pas pris une ride.
Et si tous les personnages de théâtre existaient avant même que les pièces ne soient écrites ? Et si tous ces personnages attendaient juste dans les limbes qu’un dramaturge et un acteur ne les adopte ?
C’est l’hypothèse de cette pièce, et le prétexte pour nous emmener dans un tourbillon dramatico-comique, loin de la terre, derrière et devant le rideau rouge, sur les planches et au-delà.
Yves Hunstad, clown fantasque, est possédé, pendant près de 2h, à la fois par un personnage de théâtre malicieux et son acteur terrifié.
On pourrait penser à « inception » : l’acteur interprète donc un acteur, qui joue lui-même un personnage, qui performe devant nos yeux une pièce théâtre, qui est le sujet de pièce jouée au Poche (vous avez suivi ?). Grâce à son faux nez, il incarne l’un puis l’autre. Au gré des ellipses et des demi-tours, le personnage, taquin, nous perd puis nous raccroche sans cesse au récit.
Le personnage raconte la rencontre avec son acteur, leur relation, il sème la pagaille dans le texte, mélange les scènes, interroge les motivations et les peurs de son comédien, le confronte au tic tac de la montre, à ses contradictions, ses peurs, à sa solitude parfois.
Tout sauf linéaire, littéraire, poétique, désordonné et pince-sans-rire, la Tragédie comique est un texte fort sur le théâtre, sur le lien qui unit les comédiens aux personnages, sur la manière dont les personnages sont incarnés, et sur leur manière d’évoluer et d’exister sur et en dehors de la scène, avec ou sans ceux qui les habitent. Les deux identités s’entremêlent, se confondent, l’un soutient l’autre. Le public se voit aussi comme dans un miroir, immergé et sollicité, hilare, ayant aussi un rôle propre dans la pièce (comme dans toutes les pièces ?).
La performance de Hunstad émeut aux larmes. Malice, douceur et tendresse font passer le temps sans qu’on le ressente (malgré que le personnage nous rappelle régulièrement que nos secondes sont comptées). Une déclaration d’amour au théâtre et à la fiction, qui a bien mérité sa « standing ovation » hier soir !
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