Le secret des bonbons pamplemousse : une friandise douce-amère

ALERTE : Ce livre est une petite merveille !

Le secret des bonbons pamplemousse (de Camille Monceaux et Virginie Blancher) est un roman graphique aux couleurs acidulées et au goût doux amer.

Certains moments de mon passé, au chatoiement doux et serein, sont tendres à revivre. Je les collectionne comme de précieux morceaux de vitraux.
Le secret des bonbons pamplemousse

Le secret des bonbons pamplemousse raconte l’histoire d’une famille dans le japon rural. Après une longue absence d’un an, Mayumi revient dans sa famille, tenanciers d’une confiserie dans un petit village au bord de la mer. Au fil des pages, les secrets, les blessures et les bonheurs des uns et des autres sont dévoilés, vus successivement à travers les yeux des uns et des autres (Mayumi, sa mère, sa cousine, son neveu et même le chat, Shiro). La BD met en lumière, avec subtilité, les non-dits, le poids des attentes et des traditions dans une société japonaise encore conservatrice (lorsqu’il s’agit des droits LGBT ou du droit à l’IVG).

Mon avis

Il m’a fallu un petit temps pour entrer dans le récit, ayant d’abord été un peu perturbée par les représentations assez enfantines des différents personnages. Vu les graphismes, je m’attendais d’ailleurs à lire une BD mignonne et jolie, somme toute assez légère… Or, rien n’est moins vrai ! Ce livre est beaucoup plus profond qu’il n’y parait.

Après quelques pages, impossible de ne pas entrer dans l’histoire. Et une fois qu’on est immergé… quel plaisir, quelle ambiance ! Se plonger dans ces quelques pages, c’est se plonger -presque- instantanément dans un moment suspendu de calme et de douceur.

Le fait que le roman soit découpé en fonction du point de vue de chaque personnage rend la lecture très dynamique, chaque regard apportant une nouvelle perspective sur l’histoire. Les réalités des différents générations (la grand-mère, les filles, le petit neveu) se côtoient, s’entrechoquent et apprennent à cohabiter. Les couleurs varient en même temps que les émotions des protagonistes. Le point de vue de Shiro, le chat, nous emmène dans des recoins secrets, nous rendant témoins de joies discrètes ou de larmes versées en cachette.

“Mais les parents n’apprennent jamais à demander pardon à leurs enfants”
Le secret des bonbons pamplemousse

Malgré les tons pastels tout doux, les sujets traités n’en sont pas moins sérieux (le deuil, l’homophobie, le non-désir d’enfant, les violences conjugales…). Le tout est amené avec beaucoup de délicatesse et de poésie, agrémenté par ailleurs d’anecdotes gourmandes sur la fabrication des “Konpeitô”, des petits bonbons japonais parfumés en forme de petite boule à piques. Egalement, en plus d’être un récit familial émouvant, Le secret des bonbons pamplemousse est également une immersion dans la culture japonaise (on y découvre les rites funéraires japonais : le O-bon, l’allumage des lanternes pour guider les esprits vers leur maison, le nettoyage des tombes…).

Chaque fois que je franchis le seuil de la confiserie. Je sens, que pour un temps du moins, je suis à l’abri de tout le reste.
Le secret des bonbons pamplemousse

En bref, si vous aimez les histoires de guérison, d’émancipation et de retour aux sources, foncez sur ce roman graphique ! En ce qui me concerne, c’est un énorme coup de coeur. L’objet est magnifique. En le refermant, on ne peut qu’avoir envie de se rendre au japon et se goinfrer de sucreries dans la petite confiserie Konpeitô… et faire la paix, avec tendresse, avec son passé, comme tous les personnages du livre.

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