EXPO : ZOO et ses drôles d’animaux au MIMA
Si je devais décrire mon été en 2020 en 3 mots, je dirais : angoisse, bouffe et MUSÉES. Il est rare de disposer d’autant de temps en Belgique pendant l’été, ce temps étant souvent accaparé par le travail, les festivals ou les vacances à l’étranger. L’occasion était donc parfaite pour sillonner le paysage culturel bruxellois.
Heureuse propriétaire d’un MUSEUM PASS, acheté 50 euros en décembre, il me fallait également rentabiliser mon achat.
J’en ai donc profité pour enfiler mon masque et visiter quelques expositions avec une amie.
Notre première découverte de cet été était l’expo temporaire « ZOO » au MIMA (Millenium Iconoclast Museum of art), un musée d’art urbain situé à Molenbeek-Saint-Jean, le long du canal de Bruxelles. Il se veut être un espace de partage 2.0, décloisonnant les cultures (musicales, graphiques, artistiques, geek) et les rapports entre art et public.
Ce musée a ouvert ses portes le 16 avril 2016, il est donc assez récent. Installé dans les locaux des anciennes brasseries Belle-Vue, le MIMA est à visiter au moins une fois. Le lieu en lui-même mérite le détour.
Avec sa nouvelle exposition « ZOO » lancée en février, le MIMA nous plonge dans un monde bariolé, peuplé d’étranges créatures qui ressemblent à s’y méprendre à des humains. Onze artistes internationaux, créateurs dans des disciplines différentes (graffiti, animation, pub, peinture…) nous présentent des personnages anthropomorphes et déconcertants. Pour rappel (ou pour information) : l’anthropomorphisme est une notion qui vise à associer à l’homme des comportements ou des caractéristiques physiques propres à l’animal (ou aux objets), et vice versa.
Tout au long du parcours, nous déambulons au gré des illusions d’optique, éblouies par les couleurs éclatantes et traquées par les paires d’yeux de bestioles inqualifiables. Et si ces bestioles étaient notre reflet ?
Mon avis
Sous des apparences joyeuses et décalées, l’exposition nous confronte aux incohérences de notre modèle de société. Tous ces personnages à plumes, à poils ou à écailles expriment à la fois bestialité et humanité : ils sont à la fois effrayants et amusants.
Les dessins du style « comics » et les installations flamboyantes raviront les enfants (nous en avons été témoins : les oeuvres de chaque salle hypnotisent littéralement les gamins, qui se retiennent difficilement de les toucher -big up à la courageuse maman venue visiter l’expo avec ses 3 enfants). Les adultes, eux, se confrontent à leurs travers. Je me sentais simultanément amusée et incommodée, durant toute la durée de l’exposition. On ne peut s’empêcher de ressentir un sentiment de malaise devant certaines œuvres. Les références à la pop culture (aux films, aux séries TV, aux dessins animés…) sont aussi comiques que dénonciatrices. La « société du divertissement » et de la distraction facile en prend un gros coup.
Pour vous donner un petit avant (ou après) goût :
L’entrée de l’exposition se fait par l’œuvre grandeur nature de Finsta, artiste suédois (ayant travaillé avec de nombreuses marques comme Nike, Playstation, MTV…) : murs, sols et plafond sont recouverts de couleurs vives, de visages machiavéliques aux formes géométriques, de flammes et de torpilles. Au centre de la salle se trouve un trône, sur lequel les visiteurs peuvent fièrement s’asseoir, souverains d’un univers fantasmagorique.
J’ai été particulièrement marquée par les œuvres de l’américain de Todd James, représentant des scènes de guerre colorées en grand format. Les chars, bombes, hélicoptères (et petits virus) aux sourires machiavéliques s’affrontent au milieu de flaques de sang, chevauchés par des femmes tantôt victorieuses, tantôt victimes. Malgré l’apparente gravité du sujet, les peintures sont éclatantes, à la fois réjouissantes et dérangeantes.
Un autre artiste phare de l’exposition est le Belge Laurent Impeduglia : ses grands tableaux colorés et cyniques regorgent de minuscules détails faisant référence à la pop culture (dans le style « où est Charlie »). On peut passer des heures à les déchiffrer ! On part à la recherche d’E.T, en rencontrant sur la route les Tortues Ninja, Pinnochio, Kermit, le bonhomme Michelin, mais aussi le coq wallon et le lion flamand, Saint Nicolas, la panthère rose ou King Kong. Les personnages habitent un monde qui semble presque apocalyptique, empli d’explosions et de têtes de mort.
Le prix des oeuvres les plus malaisantes revient à Pablo Dalas, artiste et tatoueur, qui, sur la longueur de tout un mur, déforme des personnages de dessin animé, donnant une impression de mouvement mais également de monstruosité. Les personnages de cartoons se désagrègent et se morcèlent à l’infini.
En résumé : je suis ressortie de cette exposition ravie de ce débordement de couleurs et d’originalité, tout en me sentant un peu nauséeuse : certaines œuvres étaient particulièrement dérangeantes. Si vous recherchez une expo à la fois amusante et interpellante, courez-y. Elle se termine le 30 août !
Infos pratiques :
Dépêchez-vous ! L’expo temporaire se termine le 30 août 2020 (et vraiment, ça vaut la peine de se déplacer et de porter un masque pendant 1h, je vous le promets)!
Vous pouvez la visiter du mercredi au vendredi de 10h à 18h, ainsi que le weekend de 11h à 19h.
Photos de couverture : oeuvre de Steven Harrington