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Rupi Kaur, quand la poésie soigne

13 November 2020

c’est la recette de la vie

disait ma mère

lorsqu’elle me tenait dans ses bras quand je pleurais

pense à ses fleurs que tu plantes

dans le jardin chaque année

elles vont t’apprendre

que les gens eux aussi

doivent se faner

tomber

se redresser

pour fleurir

-rupi kaur-

La femme derrière les mots

© Instagram @rupikaur_

Rupi Kaur est une artiste, poétesse et féministe canadienne, née en Inde. Ses parents et elle sont arrivés au Canada lorsqu’elle avait 4 ans. Elle a commencé à faire connaître son travail sur Instagram ce qui lui vaut aujourd’hui le titre “d’instapoétesse”. Par la suite, elle est devenue autrice de plusieurs recueils de poésie : “lait et miel“, publié en 2014 ainsi que “le soleil et ses fleurs“, sorti en 2017. “lait et miel” a d’abord été auto-édité et auto-publié, depuis, ses poèmes ont été traduits dans plus de 40 langues et la notoriété de Rupi Kaur ne fait qu’accroître. Son dernier recueil “home body” qui sortira en librairie dans la prochains jours (du moins dans sa version originale) est très attendu.

Rupi Kaur écrit, mais elle performe aussi. Elle aime lire ses poèmes à un public, les faire vivre, les incarner. Les sorties de ses recueils ont été accompagnées d’une tournée, non pas de signatures, mais de mise en scène et de lecture de ses poèmes. Elle interprète ses écrits dès qu’elle peut, que ce soit sur un plateau télé ou via son compte instagram. Ainsi, régulièrement elle fait la lecture d’un ou plusieurs poèmes choisis à ses followers, pour leur plus grand bonheur. Vous voulez l’entendre ? N’hésitez pas à l’écouter réciter un poème dans son interview avec Jimmy Fallon.

Si vous ne connaissez pas encore Rupi Kaur à travers ses poèmes, vous êtes par contre probablement tombé un jour ou l’autre sur cette photo en traînant sur internet :

© Rupi Kaur et Prabh Saini

Cette photo fait partie d’une série intitulée Period qui, comme son nom l’indique, aborde le sujet des menstruations, afin de le démystifier. Si cette photo a particulièrement fait parler d’elle c’est parce qu’Instagram l’a censurée non pas une, mais deux fois. Censure à laquelle Rupi Kaur répond par un nouveau post (que vous pouvez consulter ici) qui contient les désormais célèbres phrases suivantes :

“Their patriarchy is leaking
Their misogyny is leaking
We will not be censored”
Littéralement: “Leur patriarcat fuit/Leur misogynie fuit/Nous ne serons pas censurées”

A la lecture de ce post Instagram il y a plus de 5 ans, j’ai découvert Rupi Kaur, la femme, artiste et féministe. Avec son premier recueil “lait et miel” j’ai découvert Rupi Kaur, la poétesse (bien que pour être tout à fait honnête il m’a fallu quelques années avant de faire le lien entre l’auteure et la photo et sa polémique!)

Récemment j’ai également eu le plaisir de participer à ses ateliers d’écriture en live via Instagram. Pendant une heure, j’ai observé et écouté une femme généreuse, puissante et douce, me guider dans des exercices d’écriture libre ainsi que partager certains de ses nouveaux poèmes. Cette expérience m’a donné l’impression d’aller à sa rencontre. Encore plus qu’à travers la lecture de ses mots, quand Rupi Kaur nous lit ce qu’elle a écrit, elle nous fait le cadeau, tout en intimité, de qui elle est et de ce qui l’a traversée.

Sa poésie

Initialement, je pensais vous présenter le second recueil de l’auteure, “le soleil et ses fleurs“. Parce que c’est le dernier en date que j’avais lu et parce que je l’avais sous la main. Pourtant, je me suis assez vite retrouvée à écrire sur Rupi Kaur en tant que personne. Admirative de la femme qu’elle est, mon esprit pensait à son œuvre dans sa globalité plutôt qu’au seul recueil. Je décide donc de me laisser aller au gré de cette envie.

D’autant plus qu’en écoutant Rupi répondre à Emma Watson pour une interview dans le cadre du club de lecture féministe “Our shared shelf”, elle dira elle-même que “lait et miel” est à considérer comme un seul et même poème du début à la fin. Le prendre uniquement par morceaux, reviendrait à démembrer et dénaturer l’ouvrage. Cela me semble s’appliquer également à l’entièreté de son œuvre. Parler des différentes collections de poèmes séparément empêche une vue d’ensemble et altère la substance de son travail.

Rupi Kaur écrit sur l’amour, la perte, le traumatisme, la guérison, le soin, la féminité, la migration. Sa poésie est vraie. Sa poésie est entière. Elle est vivante. Dénuée d’artifices. Comme elle. Ou du moins comme ce qu’elle laisse paraître de qui elle est. D’ailleurs, toujours à Emma Watson, Rupi Kaur dira : “…but poetry is literaly me.”

et ici tu es vivante/en dépit de tout © Instagram @rupikaur_

la manière dont tu parles de toi-même/la manière dont tu t’avilis/pour te réduire à moins que rien/c’est toi qui abuses de toi © Instagram @rupikaur_

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et c’est finalement cela qui ressort de tout ce qu’elle nous écrit, de tout ce qu’elle nous dit : c’est moi. Alors quand on la lit, souvent nous vienne les mêmes mots. Pourtant, nos parcours sont tout à fait différents et il m’est impossible de me reconnaître dans tout ses poèmes, mais dans beaucoup, je le peux. Et dans les autres, l’honnêteté, la simplicité et la sensibilité qu’elle transmet suffisent à les faire résonner en moi.

Poésie aphoristique ou minimalisme banal ?

Lorsque j’ai débuté ma lecture de lait et miel, de nombreuses critiques et interrogations ont fusées dans ma tête. Pourquoi ne met-elle pas de majuscule ? Pourquoi ne respecte-t-elle pas la grammaire ? Pour qui se prend -elle ? Est-ce pour faire parler d’elle ? Ses poèmes ne ressemblent à rien, on dirait qu’elle a juste posé des mots sur le papier, sans les travailler. Trop facile, je peux faire pareil. Et puis encore beaucoup de pensées dans le même genre.

Je comprends donc tout à fait les critiques de son travail qui vont dans le sens d’un minimalisme banal. Je l’ai pensé aussi, et une partie de moi le pense probablement encore. Pour autant, j’ai voulu dépasser ces premières appréhensions sur le style et j’ai tenté de me laisser porter par ce qu’elle avait à me dire. Et j’ai été touchée. le soleil et ses fleurs, je l’ai dévoré. Je n’ai pas pu “en garder pour plus tard”, j’ai lu ses poèmes les uns après les autres, d’une traite, comme hypnotisée. J’en voulais encore plus.

La lire me rendait légère et comprise. J’avais l’impression de guérir. De quoi, je ne sais pas très bien. Peut-être de ces mots blessants qu’on nous dit ou qu’on se dit à soi-même, tous les jours. Certainement de cette vie qui s’étale devant nous sans qu’on parvienne à prendre le temps de s’arrêter et de prendre soin de soi et des autres.

Je veux présenter mes excuses aux femmes/que j’ai qualifié de jolies/avant de dire qu’elle étaient intelligentes ou courageuses/je suis désolée d’avoir donné l’impression que/quelque chose d’aussi simple que ce don de la nature/devrait être votre plus grande fierté/alors que votre esprit a abattu des montagnes/désormais je dirai des choses comme/vous êtes résilientes ou vous êtes extraordinaires/non parce que je ne pense pas que vous soyez jolies/mais parce que vous êtes tellement plus que ça © Instagram @rupikaur_

Sa poésie, brute, sincère et aphoristique en ce qu’elle énonce nos vérités à tous.tes dans des mots simples, est certainement banale au premier coup d’œil. Mais Rupi Kaur parvient tout de même à parler à toute une génération. Elle est parvenue à me faire renouer avec la poésie (qui m’avait parue si ennuyeuse lors des cours de français en secondaire) et à modifier mes représentations du poète. La banalité a du bon. Elle reflète nos expériences et nos vies. La banalité peut être belle.

Quand un recueil mène à l’autre

lait et miel débute comme ceci :

“mon cœur m’a réveillée la nuit dernière

il pleurait

comment puis-je t’aider lui demandais-je

mon cœur m’a répondu

écris ce livre”

Cette introduction, suivie du sommaire : “souffrir, aimer, rompre, guérir“, nous dit déjà beaucoup sur la jeunesse, la vivacité, la brutalité et l’urgence des mots qui vont suivre. L’auteure avait besoin d’écrire et de coucher les mots sur papier ainsi que de tirer les traits pour les accompagner (ou peut-être plutôt dans l’autre sens, car elle explique justement à Emma Watson que les dessins précèdent souvent les poèmes).

Avec “le soleil et ses fleurs” Rupi Kaur est plus âgée, a traversé d’autres expériences et cela se ressent. Moins d’urgence, plus de maturité, de travail et de réflexion mais toujours autant d’honnêteté et de sensibilité. Elle grandit, et nous pouvons grandir avec elle. La simplicité de certains poèmes de lait et miel leurs conférait parfois, à mon sens, un manque de profondeur qui s’est toutefois largement atténuée dans son second recueil, marquant une réelle évolution.

L’héritage sous-jacent

J’ai fini par passer au-delà de ce qui m’avait initialement choqué dans le style de Rupi Kaur. Et particulièrement de l’absence de majuscules qui me brûlait les yeux et me donnait envie de crier (oui, je suis un brin rigide hum hum). En effet à ce propos Rupi Kaur dit ceci :

“[…] Dans l’écriture Gurmukhi, il n’y pas de notions de majuscules ou de minuscules. Toutes les lettres sont semblables. J’apprécie cette simplicité. C’est un style symétrique et direct. J’ai également l’impression que ce visuel apporte un certain niveau d’égalité à mon travail. Une représentation visuelle de ce que je souhaite voir davantage dans le monde: l’égalité.

La seule ponctuation qui existe au sein de la forme Gurmukhi, c’est le point. […] Aucune distinction entre les lettres et seulement des points. Une représentation visuelle et une ode à mon identité comme femme Punjabi et Sikh [i.e. pratiquante de la religion Sikh] issue de la diaspora. Il s’agit donc moins de transgresser les règles de l’anglais (même si c’est assez marrant) que de lier ma propre histoire et mon héritage au sein de mon travail.”

On peut tout à fait ne pas soutenir ce choix mais en ce qui me concerne, pouvoir mettre du sens derrière cet affront à la langue (rire) me permet de mieux l’apprécier et d’en saisir la portée.

qu’est-ce qui est plus fort/que le cœur humain/qui se brise à maintes reprises/et pourtant continue de vivre © Instagram @rupikaur_

Pour aller plus loin :

  • Les règles: “On n’en parle pas alors que c’est juste un peu de sang”, Violette Goarant – AxelleMag
  • Menstruation-themed photo series artist ‘censored by Instagram’ says images are to demystify taboos around periods, Heather Saul – The Independent
  • La poésie connaît un coup de jeune grâce à Rupi Kaur, Margo Vansynghel – L’Echo
  • Le site de Rupi Kaur, pour sa présentation d’elle-même, quelques photos, son e-shop.
  • L’interview de Rupi Kaur par Jimmy Fallon 
  • L’interview de Rupi Kaur par Emma Watson

 

Photo de couverture : © Instagram @rupikaur_
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Le temps de lire  / Poésie  / Temps pour soi

Jeanne
Jeanne
Bruxelloise. Psychologue. Serdaigle. Intérêts du moment: la psychanalyse, le féminisme, les huiles essentielles et les pizzas.

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