• Accueil
  • Qui sommes-nous ?
  • Répertoire
  • Temps pour soi
    • Le temps de lire
      • Essais
      • Romans
      • Romans graphiques & BD
      • Poésie
    • Le temps d’un épisode
    • Le temps d’un film
    • Le temps de sortir
      • Expositions
  • Temps et société
    • Temps et identité
    • Temps et travail
    • Temps confiné
  • Nous contacter
  • À temps perdu est un blog société et culture, né pendant le confinement de mars 2020. Sur ce blog, nous partageons des réflexions politiques et personnelles sur la manière dont on considère le temps et dont on l’occupe.

  • Temps pour soi
    • Le temps de lire
      • Essais
      • Romans
      • Romans graphiques & BD
      • Poésie
    • Le temps d’un épisode
    • Le temps de sortir
      • Expositions
    • Le temps d’un film
  • Temps et société
    • Temps et identité
    • Temps et travail
    • Temps confiné
  • Répertoire
  • Qui sommes-nous ?
  • Nous contacter

Prendre le temps de s’indigner

30 April 2020

  «Vous devriez être en colère […] Alors utilisez cette colère.

Écrivez-la. Peignez-la. Dancez- la.

Manifestez-la. Votez-la. Parlez-la» 

Maya Angelou

 

Arrête de te plaindre. Tu vois tout en noir. Moi j’ai jamais remarqué ça. Tu exagères un peu, non ? Tu parles d’une petite minorité là, y a quasiment plus personne qui agit comme ça aujourd’hui… Faut arrêter de voir le verre à moitié vide tout le temps. Ceux qui décident, ils font de leur mieux, ils n’avaient pas le choix. Y’a des raisons derrière tout ça. T’es pas économiste à ce que je sache ! T’as qu’à aller faire leur boulot si tu penses pouvoir faire mieux. Lance-toi en politique, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Le plus important c’est de s’aimer les uns les autres. Toi, de toute manière, tu n’as pas trop à te plaindre… Oui mais ils sont pas tous comme ça. Tu crois vraiment que ça va changer ? On n’y peut rien de toute manière. Faut arrêter de jouer les victimes. Te mets pas en colère. La critique est aisée mais l’art est difficile. Nul n’est prophète en son pays. Epargne-nous tes commentaires négatifs. T’as qu’à pas écouter. T’as qu’à pas regarder. Quand j’étais jeune on ne se plaignait pas. Quand j’étais jeune c’était bien pire. Et c’est bien pire ailleurs. C’est du moralisme facile. Cette dictature de la bien-pensance…

Sur les réseaux sociaux, autour d’une bière, pendant les repas de famille… Il n’est pas rare d’entendre, de recevoir ou de formuler soi-même ces réflexions. Ces petites phrases, ces réponses un peu tièdes, empreintes de fatalisme (ou d’ignorance), sont caractéristiques d’un malaise. Elles témoignent d’une lassitude et d’un engourdissement généralisé. Elles sont fréquentes, dans une société incommodée par les émotions, considérées comme illégitimes voire dangereuses -en opposition avec la raison, plus froide et plus calculatrice. Ces petites phrases sont autant d’injonctions qui nous poussent à être toujours réalistes, toujours dans la mesure. Il faut rester sobre. Il faut rester discret (encore plus si on est une femme). Et si ces injonctions étaient contre-productives ?

Le règne de la raison

27 avril 2020. Nous sommes en confinement. Jérôme Colin a partagé un très beau texte sur la Première, parlant de nos « élus », de modestie, de mépris, d’amour, de fête des Mères, de liberté, d’indignation (je vous invite à l’écouter). Certaines personnes, sur Facebook, l’accusent cyniquement de faire pleurer dans les chaumières. Ces commentaires m’ont décontenancée : en effet, cette chronique m’a donné envie de pleurer. De pleurer à cause du mépris. De pleurer le monde d’hier, mais aussi celui d’aujourd’hui et de demain. De pleurer ceux qui n’ont rien, ceux qui sont morts, ceux qui ont été oubliés. Ces émotions sont, à mon sens, tout à fait légitimes. Elles sont même plus que légitimes : elles sont aussi fondatrices. La peur, la tristesse, la colère : une fois appréhendées, ces émotions peuvent être des moteurs d’action, de réflexion, et peut-être même de changement.

Elles sont pourtant mal perçues, méprisées. Et les déclarations qui les provoquent (reportages, articles, chroniques, films…) sont directement taxées de populistes et faciles.

Ce mépris des émotions est révélateur d’un tabou, qui a de profondes racines historiques. Notre culture occidentale est basée, entre autres, sur un fantasme rationaliste, opposant ressenti et logique. Déjà pour Platon, les passions étaient le signe d’une perte de contrôle. La culture judéo-chrétienne a également renforcé cette conception, ainsi que le cartésianisme de Descartes (l’humain est avant tout une substance pensante). Les guerres du XXè siècle et les régimes totalitaires, ayant réussi à exploiter les passions les plus primaires des foules, ont achevé de nous convaincre de la dangerosité de nos émotions. Sans cesse réprimés ou instrumentalisés, nous peinons à établir une relation saine avec nos ressentis.

Pourtant, aujourd’hui, des voix s’élèvent : on assiste aujourd’hui à un « tournant affectif ». Les émotions sont devenues un objet d’études. Elles trouvent timidement une place dans plusieurs domaines de la société considérés comme « rationnels » : les sciences, l’économie, le management… D’autres réflexions, plus rares, nous invitent également à nous détacher de ce rationalisme à tout prix. Dans ses livres (la tyrannie de la réalité, Sorcières, Chez soi), Mona Chollet redonne la part belle aux émotions et au rôle de l’imagination dans la construction de nouveaux possibles. Il n’est cependant pas question de fuir la réalité, de se noyer dans un monde de rêves et d’affects, de céder à l’obscurantisme -mais de se donner une chance « d’habiter pleinement la réalité », de s’affirmer, de se défendre. Ce retour aux émotions est plutôt un retour à l’équilibre : il s’agit d’intégrer ses émotions à la réflexion et à l’action, et de leur donner le crédit qu’elles méritent.

La colère a sa raison d’être

Si les émotions commencent à être progressivement considérées, il en est encore une qui est extrêmement mal perçue : la colère.

Selon le dictionnaire Larousse, la colère se définit comme « un état affectif violent et passager, résultant du sentiment d’une agression, du désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné de réactions brutales ». Rien de très glorieux, donc. (Vous aussi, en lisant ça, vous avez imaginé un enfant en train de se rouler par terre dans un supermarché ?).

La colère, pêché capital, est perçue comme contre nature dans la tradition judéo-chrétienne. Tous les personnages en colère de la Bible finissent toujours par se détruire (ou détruire les autres), d’une manière ou d’une autre. Seul Dieu a le droit de se mettre en colère (mais il se met en colère pour de bonnes raisons, lui). Pour les bouddhistes, la colère-aversion fait partie des trois poisons de l’esprit, elle a pour origine l’ignorance.

Archaïque et indomptable, cette émotion qui dérange semble donc éveiller en nous des pulsions destructrices, si pas sanguinaires : nous avons le réflexe de la considérer comme dangereuse. Si nous avons le réflexe de réprimer nos émotions de manière générale, celle-ci est probablement celle que nous étouffons le plus. De nombreux éléments existent dans notre culture et notre éducation pour nous « démunir » de notre colère. Pourtant, elle est légitime, et elle apparait dès la petite enfance ; elle fait partie de notre développement en tant qu’adulte et être humain. Elle participe à la construction de notre identité. La colère nous permet d’établir quels sont nos limites, nos besoins, nos frustrations, elle participe à l’affirmation de soi. Des études ont d’ailleurs prouvé que la répression de cette colère a des effets négatifs sur la santé et sur les relations.

Enfants, nous avons (normalement) dû faire l’apprentissage de cette colère : nous avons appris à la maîtriser et à l’exprimer de manière à ce qu’elle ne se confonde ni avec la violence ni avec l’agressivité. Dans ce cadre strict, cette colère peut être très saine. Ressentir de la colère est d’ailleurs le signe d’un bon équilibre mental : dans « Le bon usage de la colère », le psychologue Salomon Nasielski écrit que « la colère manifeste une reconnaissance par le sujet de sa propre importance, une reconnaissance de l’importance de l’autre, ainsi que du contrat qui les réunit. Elle vise un comportement – non pas la personne – et doit donc être comprise comme le cri de douleur émis avec énergie. Interdire la colère reviendrait donc, dans une certaine mesure, à interdire de crier Aïe ».

La colère, en plus d’être saine, permet également de mobiliser l’énergie nécessaire pour être acteur de changement. Elle permet de s’émanciper, de poser des limites. Elle est un outil contre les injustices. Elle est la première émotion qui nous permet d’agir et d’avoir un impact sur le monde qui nous entoure (sans rien affirmer, on peut légitimement se poser la question du lien entre cette dimension émancipatrice et sa répression).

Les femmes et leurs émotions grotesques

Si la colère n’a pas la cote dans notre société, elle est encore moins appréciée quand c’est les femmes qui en font usage. Les femmes ne peuvent pas être en colère. Les émotions des femmes, de manière générale, sont toujours perçues et dépeintes comme grotesques ou excessives. Pleurnicheuses, chouineuses, hystériques, irrationnelles, voire complètement folles ; les émotions des femmes sont souvent interprétées pour les discréditer et les « inviter » au silence. Ridiculisées ou diabolisées quand elles osent s’exprimer avec un peu d’assurance, les femmes ont pourtant de très nombreuses raisons d’être en colère (pour les sceptiques : cela fera l’objet d’autres articles sur ce blog).

Hommes et femmes ne sont pas égaux face à la colère. Dans « Le Pouvoir de la colère des femmes », Soraya Chemaly, journaliste, explique qu’il s’agit d’une construction sociale. Les adultes vont par exemple associer plus facilement la colère d’une petite fille à de la tristesse ou à un caprice, tandis que la colère des garçons sera associée à une force de caractère. Des études montrent que les petites filles sont socialisées différemment : elles seront plus naturellement éduquées à être serviables, plaisantes, douces, à ne pas trop faire de vagues… Tandis que les garçons seront invités à réprimer des sentiments de tristesse ou de peur. Ce déséquilibre a des conséquences : pour les filles, elle implique une négation du droit de se défendre.

Les femmes ayant l’audace d’être en colère sont d’ailleurs directement discréditées : dès qu’elles prennent un peu de place publiquement, et qu’elles ont des revendications, la société se dépêche de les remettre à leur place, les punissant sévèrement d’avoir osé transgresser les règles.

L’exemple de Greta Thunberg, harcelée et insultée par des centaines de détracteurs (en majorité des sexagénaires blancs) sur internet, est éloquent. Moche, endoctrinée, trop jeune, trop naïve, hystérique… Des tas d’insultes ont été déversés par des hommes mûrs sur une adolescente de 18 ans. Un savoureux cocktail de misogynie, d’âgisme et de validisme. Qu’une femme, jeune et autiste qui plus est (il ne manquerait plus qu’elle soit noire !), ait le toupet de parler en public, fort et sans un sourire, qu’elle ait l’impertinence d’attaquer le sacro-saint capitalisme industriel… Cela mérite la potence !

Pourtant, il serait temps de s’y faire : en 2020, les femmes n’ont plus besoin de la permission des hommes pour prendre de la place et exprimer leur indignation. Lors de la cérémonie des Césars, Adèle Haenel a donné le ton, en quittant la salle majestueusement, en criant « la honte ». Virginie Despentes a créé un séisme sur internet : « On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On gueule. On vous emmerde ». Le message était plus clair que jamais. Certains restent cependant volontairement sourds : en pleine pandémie, les femmes sont toujours priées de la fermer ; insidieusement, on leur rappelle que leur rôle est d’être belles, et qu’elles ont plutôt intérêt à continuer à s’épiler le maillot et à rester des bonnasses (minces !), même s’il s’agit de rester à la maison.

De la colère à l’indignation

La colère a donc tendance à faire peur. Elle bouleverse l’ordre établi. Les soumis en colère ne sont plus si soumis. Et ça n’arrange pas tout le monde. On parlera donc plutôt d’indignation. L’indignation est, par essence, plus mesurée, plus acceptable, plus noble. C’est un « sentiment qui s’exprime lorsqu’une personne se sent atteinte dans sa dignité, ou réprouve une atteinte à la dignité d’autrui ». Selon Wikipédia, « l’indignation se distingue nettement de la colère en ce qu’elle peut s’exprimer sans le trait principal de la colère qu’est la violence ou l’agressivité ». Activistes, militants et philosophes se sont approprié le terme indignation -il a une meilleure connotation que la colère, entre autres grâce au manifeste de Stéphane Hessel, « Indignez-vous », publié en 2010.

Dans son essai, Stéphane Hessel défend l’idée selon laquelle l’indignation est « le ferment de l’esprit de résistance ». S’indigner est un premier pas, précédant l’action et l’engagement. Il identifie deux grands défis : « l’immense écart qui existe entre les très pauvres et les très riches et qui ne cesse de s’accroître » et « les droits de l’homme et l’état de la planète ».

Bestseller il y a dix ans, le manifeste reste plus d’actualité que jamais. Il fait écho à la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Nous sommes actuellement en avril 2020, en pleine crise sanitaire. L’actualité ressemble à s’y méprendre à un roman Young Adult -nous nageons en pleine dystopie. On n’en est pas encore tout à fait au scénario de Suzan Collins dans Hunger Games, mais ça ne saurait tarder. Alors que le public confiné végète, ébahi, devant le même spectacle terrifiant qui passe en boucle à la télé, certaines voix s’élèvent : et si nous n’en étions pas arrivés là par hasard ? Et s’il ne s’agissait pas d’un malheureux coup du sort ? Et si nous avions fait fausse route ? Et si on refusait de remonter dans ce train-train maladif du toujours plus, toujours plus vite ?

D’autres voix agacées leur répondent : ce n’est pas le moment de s’indigner. Qu’auriez-vous fait de mieux ? Toujours occupé à râler. Vous vous pensez tellement subversifs. Que de banalités. Bobo bisounours. Comme si ça allait changer, arrêtez d’espérer. Quel ennui.

Et là, nous avons à faire à un autre virus, encore plus dévastateur que le COVID : l’indifférence. Cette indifférence que Hessel citait déjà dans son essai en 2010 : « les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. Qui commande, qui décide ? Il n’est pas toujours facile de distinguer entre tous les courants qui nous gouvernent. Nous n’avons plus affaire à une petite élite dont nous comprenons clairement les agissements. C’est un vaste monde dont nous sentons bien qu’il est interdépendant. Nous vivons dans une interconnectivité comme jamais il n’en a existé. Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : « cherchez un peu, vous allez trouver ». La pire attitude est l’indifférence. Dire « je n’y peux rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des composantes essentielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence ».

Cette indifférence face à la crise, cet asservissement grotesque à nos dirigeants et au néolibéralisme, ce manque de remise en question, cette paresse… Des attitudes qui ne datent pas d’aujourd’hui, et qui pourtant ont participé à la création de ce fiasco total qu’est la crise du COVID-19 (qui devait bien arriver un jour).

Alors oui, bien entendu, je suis plus que consciente qu’on ne change pas le monde avec de belles paroles. Il ne suffit pas de dicter un texte à la radio pour que tous les systèmes d’oppressions s’effondrent comme par magie. Certes, la situation est peut-être plus compliquée que ce que Jérôme Colin dit dans sa chronique. Lancer des idées, montrer son mécontentement, partager ses désaccords, se défendre les uns les autres, écrire sa colère… ça ne changera peut-être pas le monde. Mais si on ne commence pas par-là, dites-moi, on commence par où ? Parler, écrire, partager, s’indigner, c’est un premier pas. Remettre l’humain et nos émotions au centre de la réflexion, aujourd’hui, c’est un premier pas. Attendre, se dire qu’on n’est pas si mal, qu’on se débrouille, que « là en haut, ils font probablement de leur mieux », que les gens « sont des bobos naïfs » ça, par contre, c’est stérile. C’est remettre de la terre dans le tunnel que les autres essayent de creuser. Un tunnel qui nous permettrait (peut-être) de sortir de ce merdier.

« Mais l’indifférence est un état bien plus grave que la colère,

et c’est là le pire effet de l’interruption de la vie commune »

– Hervé Bazin

 

De l’indignation à l’action

L’indignation peut aussi se transformer en indifférence. Ce reproche est souvent fait aux personnes qui militent en ligne. Le « slacktivisme », (« l’activisme paresseux », le fait de militer depuis son canapé) est souvent la cible de critiques. Aujourd’hui, nous y sommes cependant contraints.

Pourtant, des études ont prouvé que le militantisme virtuel (à coup de pétitions, de partage d’images, de textes, de photos, de hashtags) sert réellement à quelque chose. Le slacktivisme a un impact : il s’agit certes d’un moyen de substitution, mais qui est toujours préférable à l’inaction, et… à l’indifférence. Selon l’étude Dynamics of Cause Engagement, les personnes qui prennent part à du militantisme en ligne le font aussi régulièrement IRL.

Les réseaux sociaux participent également à la notoriété d’une idée ou d’une cause : les réseaux sociaux étant principalement composés de nos amis, nous aurons tendance à lire ce qu’ils partagent, à s’intéresser à leurs centres d’intérêt, à les partager. L’activisme en ligne crée une conscience collective. Il fait perdurer des messages. Il est une forme d’action.

Ces actions en ligne ont bien entendu plus d’impact si elles se concrétisent dans la réalité, sous la forme de collectifs, de rassemblements, d’entraide… Je ne sais pas quelles formes prendront ces revendications après le confinement. À vrai dire, je suis un peu perdue, et je me sens toute petite (encore plus que d’habitude). J’avoue également être plutôt inexpérimentée en ce qui concerne le militantisme. Aujourd’hui, il est clair que le système se remet en place, et que la machine, tel un gros bulldozer, a l’intention de redémarrer, exactement comme avant.

Mais ces dernières semaines, j’ai beaucoup lu. J’ai lu des textes de gens inspirants. J’ai entendu des gens s’indigner. J’ai remarqué que de l’espoir, il en reste encore un paquet. J’ai vu des gens prendre conscience. J’ai vu des gens défendre ceux qui ont été oubliés. J’ai assisté à des manifestations de solidarité qui dépassaient les applaudissements de 20h. J’ai vu des initiatives d’entraide éclore en ligne. J’ai senti la colère, j’ai senti l’injustice, en moi et en les autres. Je ne suis pas seule à me sentir seule. Et je pense qu’on peut rassembler toutes nos solitudes, et que toutes nos solitudes, ensemble, peuvent peut-être creuser un tunnel jusqu’à la mer (une autre mer, sans dix tonnes de plastique).

Pour aller plus loin :

Livres et essais : 

Chez soi, de Mona Chollet

La tyrannie de la réalité, de Mona Chollet

Le pouvoir de la colère des femmes, de Soraya Chemaly

Bad Feminist, de Roxane Gay

Indignez-vous, de Stéphane Hessel

Articles : 

Le bon usage de la colère, de Salomon Nasielski

Qu’est-ce que la colère “d’indignation” de Greta Thunberg qui a touché le monde entier ? de Marine Le Breton

Le “slacktivisme” n’a rien d’un militantisme superflu ou nocif (bien au contraire), sur Slate

S’indigner, signe de santé mentale, de Sébastien Bohler

Détends-toi un peu, la BD d’Emma

Joséphine – avril 2020
changementcolèreconsciencecovidféminismeidentitéindignation
Share

À temps perdu  / Temps confiné  / Temps et identité  / Temps et société

Joséphine
Joséphine
Bruxelloise. Poufsouffle. IHECS alumna (communication et médiation culturelle). Sujets de prédilection : médias, études de genre, pédagogie, sushis et cinéma.

You might also like

Les culottées, de Pénélope Bagieu : des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent
3 January 2021
Le siècle de la femme, d’Alexander De Croo : objectif “fracture zéro”
15 December 2020
L’événement, d’Annie Ernaux : un souvenir actuel
1 December 2020

Leave A Reply


Leave a Reply Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

  • À temps perdu, ça parle de quoi ?

    À temps perdu est un blog société et culture, né pendant le confinement de mars 2020. Sur ce blog, nous partageons des réflexions politiques et personnelles sur la manière dont on considère le temps et dont on l’occupe.

  • Recent Posts

    • Crise sanitaire : et si on s’écoutait ?
    • La Bombe, de Alcante, Bollée et Rodier : L’histoire de Little Boy
    • Les culottées, de Pénélope Bagieu : des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent
    • Propaganda, d’Edward Bernays : la fabrique du consentement
    • Le siècle de la femme, d’Alexander De Croo : objectif “fracture zéro”
  • Sur ce blog, on parle de…

    art BD boys club Bruxelles changement colère confinement conscience corps covid COVID19 cultural studies dans la forêt déconstruction effrondrement essai etudes culturelles eve ensler exposition fictions féminisme féminité histoire identité indignation jean hegland lecture Martine Delvaux mini-série médias narration netflix pardon peur politique pop culture renouveau représentation séries toucher unorthodox viol virilité écologie émancipation
  • Pour se tenir au courant de nos nouveaux articles…



© Copyright À temps perdu