Quatrième de couverture
Le 6 août 1945, une bombe atomique anéantit Hiroshima.
Un événement historique et tragique qui mit fin à la guerre et fit entrer l’humanité dans une nouvelle ère.
Mais dans quel contexte cette bombe fut-elle créée ? Comment fut prise la décision de la larguer ? Et pourquoi sur Hiroshima ? Quels furent les acteurs majeurs – illustres ou méconnus – de ce drame ? Quels furent les effets de l’explosion ? Que vécurent les victimes ?
Des mines d’uranium du Katanga jusqu’au Japon, en passant par l’Allemagne, l’Angleterre, la Norvège, l’URSS et les Etats-Unis ; des laboratoires de Los Alamos aux bombardiers du Pacifique, voici… L’incroyable histoire vraie de la bombe atomique !
Quand tout part d’une ombre…
A 11 ans, Didier Alcante, un des scénaristes de cette bande dessinée, découvre l’ombre d’un corps fixée sur les marches de la banque Sumitomo. « L’ombre d’une personne… sauf qu’il n’y a plus personne. Juste une ombre. Figée à jamais. » Cette ombre le hantera probablement jusqu’à la fin de ces jours, comme il nous le confie dans la postface.
De fil en aiguille, en partant sur les traces de l’histoire de la bombe atomique, de son nom de code Little Boy, le scénario se crée dans la tête de Didier Alcante en même temps qu’il glane des informations ici et là-bas.
Il invitera L.F. Bollée à le rejoindre sur ce projet. Bollée, lui, est marqué à jamais par le film Hiroshima mon amour. « Ce film m’a profondément marqué quand je l’ai découvert pour la première fois dans les années 90. Au point de me dire qu’un jour, moi aussi j’irai à Hiroshima, que je ferai ce grand voyage – en distance kilométrique et en « cheminement intérieur ». Grâce à La Bombe, ce presque phantasme est devenu réalité. » Dans ce film qui l’a tant marqué, Bollée, lui aussi, sera confronté à cette ombre, sombre et lourde étincelle à l’origine de cette idée de bande dessinée.
Le devoir de mémoire
Bien entendu, la catastrophe d’Hiroshima m’a été enseignée à l’école, quelque part entre la 5ième et la 6ième secondaire. Alors que nous sommes plutôt aux prises avec nos hormones, concentrés sur les derniers ragots et la prochaine soirée, nos professeurs nous exposaient platement une des plus grandes catastrophes de l’humanité. Le moment n’était pas opportun. Il l’est probablement davantage aujourd’hui. Les hormones se sont calmées, j’ai gagné quelques années.
Mes professeurs ont répondu aux exigences, ils ont transmis l’histoire dans les écoles. Pourtant, j’en ai un peu honte, mais j’aurais été incapable de répondre à la moindre question sur la construction de la bombe atomique ou Hiroshima avant la lecture de cette bande dessinée. Pas que cela ne m’intéressait pas, avec une mère professeure d’histoire, j’ai à cœur le devoir de mémoire. Mais je ne me rappelais honnêtement de rien de mes cours de secondaire.
Alors, avant tout, j’ai envie de remercier les auteurs et le dessinateur de cette bande dessinée pour leur participation à ce devoir de mémoire et pour leur incroyable travail de restitution.
Magistrale précision…
Bien qu’elle présente également une trame narrative en partie fictive, La Bombe reste, bien évidemment, une bande dessinée historique. Je voulais en apprendre davantage sur cette partie de l’histoire et je n’ai pas été déçue.
Les auteurs ont accordé une attention particulière au cheminement politique, militaire et scientifique qui a mené au largage de la bombe et ses innombrables victimes. Toutes ces étapes avant l’explosion constituent d’ailleurs la majorité de l’ouvrage. Ce choix m’a d’abord fort surprise mais au fil des pages, plus j’étais emmenée dans les méandres de la création de la bombe et des décisions politiques et militaires, plus j’ai trouvé ce choix judicieux et instructif.
Tout au long du récit, nous pouvons notamment suivre le raisonnement des scientifiques. De leur excitation lors de la découverte de la réaction en chaîne et de ce qu’elle signifie, jusqu’à leur désillusion. Ils cherchent alors à empêcher l’utilisation de la bombe atomique, qu’ils avaient d’abord encouragée. Au-delà de la précision, je me suis sentie emportée dans leurs raisonnements et dans leur peur.
Toutes ces informations données et racontées sont parfois lourdes à ingurgiter ce qui a donc influencé mon rythme de lecture. Je laissais parfois de côté la BD pendant quelques jours avant de la reprendre. Toutefois, je n’ai jamais pris de pause trop longue de peur de perdre de le fil et d’oublier certaines trames et certains personnages.
… accompagnée d’émotions
Malgré cette mine d’informations qui peut parfois rendre longue certaines parties, je ne me suis jamais ennuyée. Encore mieux, j’ai été totalement prise par l’histoire, bien que j’en connaisse le dénouement. Celui-ci ne fût d’ailleurs pas du tout atténué par la compréhension de ce qui l’a fait advenir, que du contraire.
J’ai lu et observé les pages relatant l’explosion avec attention, presque de façon cérémonieuse, dévastée par ce que je voyais. Mes émotions de colère et de tristesse étaient accentuées par ce que j’avais lu dans les pages précédentes. J’étais effarée par les jeux de pouvoir politico-militaires qui avaient menés à ces pages, à cette page de l’histoire.
Comme pour tout grand moment de l’histoire, nous avons des leçons à en tirer, ce que les auteurs nous rappellent avec brio et dureté à la fin de l’ouvrage. Je vous encourage à vous plonger dans ces pages.
“Au total, malgré les regrets dont je viens de faire état, je suis toutefois extrêmement fier de cet album (…). Je suis satisfait d’avoir pu contribuer à une meilleure connaissance de ce qui s’est passé à Hiroshima. Je pense que ce travail de longue haleine m’aura permis de répondre aux deux questions que je me posais, enfant, à la sortie du mémorial: comment cela a-t-il pu arriver ? Et qui était cette “ombre” ? Comme vous l’aurez compris, la première réponse est issue d’un long travail de recherches et de compilations, tandis que la seconde a été imaginée. L’adulte que je suis aura trouvé ces deux manières de répondre à l’enfant que j’étais. La boucle est ainsi bouclée.” – Didier Alcante
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